- Baptiste Gouret | Crée le 18.06.2025 à 10h10 | Mis à jour le 23.06.2025 à 11h18ImprimerLes six naufragés du Rushour ont été hélitreuillés depuis la coque de leur navire retourné à bord de l’hélicoptère Puma des forces armées. Photo FancEngagé dans la Groupama Race 2025, le catamaran australien a chaviré au large de Bélep, dans la nuit de lundi à mardi. L’opération de sauvetage a duré plus de 10 heures, mais l’incident s’est conclu sans blessé. Il vient rappeler la difficulté de cette régate autour de la Grande Terre et la nécessaire préparation des skippers.
Les mines étaient fatiguées, mais le sourire dominait les visages, mardi soir, à l’étage du restaurant du Cercle nautique calédonien. Au terme d’une nuit d’angoisse, les membres de la direction de course de la Groupama Race 2025 affichaient leur soulagement, quelques heures après le sauvetage des marins du Rushour, retrouvés sains et saufs mardi matin, au large de Bélep, sur la coque de leur catamaran retourné. Le navire a chaviré vers 1 heure, dans la nuit de lundi à mardi, peu après avoir franchi le "Grand Passage", une zone de contournement de la pointe nord de la Grande Terre réputée dangereuse.
Dix heures à attendre
À 1h15, la direction de course reçoit une alerte : le Rushour, alors en tête de la course, a déclenché deux de ses balises de détresse. Rapidement, le Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (Coss-NC) est mobilisé. "Le premier objectif était de s’assurer de la véracité de l’alerte", afin de ne pas déclencher des moyens importants sans raison, détaille Nicolas Chomard, directeur du Coss. L’équipage demeure injoignable. L’avion Guardian est alors envoyé en reconnaissance, pour identifier précisément la localisation du navire, tandis que la direction de course demande à l’équipage du Roamance, autre voilier engagé dans la Groupama Race, de se diriger vers le lieu supposé du Rushour pour lui porter assistance.
Les membres d’équipage du Rushour ont attendu plus de dix heures avant d’être secourus. Photo Coss-NC"L’arrivée sur zone du Guardian, vers 8 heures, nous a permis de confirmer que le navire avait chaviré et, dans un second temps, que tous les naufragés étaient bien à bord." Les six marins patientent déjà depuis près de 9 heures quand le Roamance arrive à leur hauteur et leur transmet une radio VHF. Le premier contact avec l’équipage est établi vers 10 heures, et offre un nouveau soulagement : personne n’est blessé.
La décision est alors prise de réaliser un hélitreuillage des naufragés directement depuis le navire retourné. "L’absence de mât a facilité l’opération", fait remarquer Nicolas Chomard. Les six marins sont secourus vers midi par l’hélicoptère Puma.
Le "pire endroit" pour chavirer
De retour à Nouméa, les six navigateurs australiens ont toujours du mal à comprendre vraiment ce qui a conduit au chavirement du Rushour. "De ce qu’ils nous expliquent, tout s’est passé très rapidement. Ils naviguaient au près quand le bateau a chaviré, il y a peut-être eu une rafale", suppose Tugdual Piriou, directeur du CNC, qui loue la bonne réaction des membres d’équipage. "Il faut quand même imaginer que, pour ceux qui dormaient dans la coque, ils se sont réveillés dans le noir, avec de l’eau qui monte, sans notion de dessus ou dessous." Ces derniers ont pu rejoindre la coque par des trappes de secours conçues justement en cas de retournement.
"On a quand même eu beaucoup de chance, parce que les pièges sont nombreux dans ce genre de situation", reconnaît Tugdual Piriou, directeur du CNC, évoquant "la situation la plus stressante qu’on a jamais vécue", depuis la création de la Groupama Race, en 2008. "De nuit et sur un temps très long, c’est la pire configuration."
De gauche à droite : Frédéric Mignard, vice-président du CNC, l’Australien Denis Thompson, directeur de course, Nicolas Chomard, directeur du Coss-NC et Tugdual Piriou, directeur du CNC. Photo Baptiste GouretD’autant plus que la zone dans laquelle a eu lieu l’accident est certainement "le pire endroit" pour mener une opération de sauvetage, affirme Frédéric Mignard, vice-président du CNC. "De par son éloignement et ses vents très changeants, le lieu du chavirement a compliqué les choses." "Quand un tel problème survient dans ce genre d’endroits, on est tout de suite sur des délais de mise en œuvre des moyens très importants", abonde Nicolas Chomard, du Coss-NC.
Alors qu’il continue de dériver au large de Bélep, le Rushour fait désormais l’objet d’une surveillance accrue. Des lumières ont été fixées à sa coque pour le rendre visible des autres navires et un bulletin d’information du Coss a été envoyé à tous les équipages afin "d’éviter le suraccident".
Cet épisode s’ajoute à une série d’incidents techniques vécus ces trois derniers jours par les équipages engagés dans cette huitième édition de la Groupama Race. Sur 23 voiliers, six ont été contraints d’abandonner depuis dimanche 15 juin. "C’est une régate difficile, observe Tugdual Piriou. Le nombre de participants augmente également, donc forcément il y a davantage d’accidents."
Les premiers bateaux ne devraient pas tarder à atteindre Nouméa. En tête, le monocoque V5, du skipper néo-zélandais Brian Petersen, navigue actuellement au large de Bourail.
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