- Anthony Tejero | Crée le 20.02.2025 à 05h00 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h56ImprimerDepuis mai 2024, les excursions touristiques ont du mal à refaire le plein de visiteurs, notamment sur les îles, comme ici à Kunié. Photo Anthony TejeroCe sont des chiffres sans surprise et sans appel. En 2024, la Nouvelle-Calédonie, meurtrie par les émeutes, n’a accueilli que 59 000 touristes, soit un recul de 53 % par rapport à 2023 où 125 000 visiteurs avaient été recensés. Si la fréquentation s’est effondrée dès le mois de mai, les données de décembre montrent néanmoins les prémisses d’une reprise pour le secteur.
Une chute vertigineuse
Les premiers chiffres* de la fréquentation touristique en Nouvelle-Calédonie en 2024 viennent d’être publiés sur le site de l’Isee (Institut de la statistique et des études économiques). Avec 59 399 visiteurs (hors croisiéristes) accueillis l'an dernier, la deuxième économie du Caillou, frappée de plein fouet par les émeutes, s’est littéralement effondrée. En d’autres termes, le nombre de touristes internationaux est en recul de 53 % par rapport à 2023, année où la filière avait réussi à retrouver ses flux d’avant Covid, avec notamment une fréquentation record des Australiens. Une chute particulièrement vertigineuse dès le mois de mai 2024, puisque sur cette période (jusqu’en décembre), la baisse est même de 73 %.
Quelle reprise en fin d'année ?
"Le premier trimestre 2024 s’inscrivait dans la même dynamique que 2023, ce qui laissait présager une année toute aussi bonne. Sauf qu’au final, on se retrouve avec des chiffres dramatiques qui ont été divisés par deux, regrette Julie Laronde, directrice de Nouvelle-Calédonie tourisme (NCT), qui voit néanmoins des signes positifs en fin d’année. En décembre, on sent les prémisses d’une reprise, notamment des visiteurs venus de Métropole, et donc un léger retour du tourisme affinitaire. Cela correspond à la moitié de la fréquentation enregistrée en décembre pour ce marché. La levée du couvre-feu et la reprise de nos campagnes de promotion dès novembre peuvent expliquer en partie ces chiffres."
Au total, plus de 5 200 visiteurs ont donc été enregistrés en décembre, ce qui représente près de 60 % de la fréquentation mensuelle moyenne du premier trimestre 2024. Parmi eux, les touristes les plus nombreux venaient de Métropole (2 633 personnes) mais aussi de Wallis-et-Futuna (852) et d'Australie (675). En ce qui concerne les motifs de séjour, la moitié (2 806 visiteurs) relevait du tourisme affinitaire.
Par ailleurs, il est à noter qu'à la différence de la crise Covid, synonyme de fermeture durable des frontières, la fréquentation de visiteurs n'est pas tombée à zéro après les émeutes, avec le maintien d'un flux "faible mais notable" (de 1 500 à 3 000 personnes) essentiellement alimenté par les Océaniens et les Métropolitains.
Quelles perspectives pour 2025 ?
Il est encore trop tôt pour NCT de se fixer des objectifs chiffrés à atteindre d’ici la fin de l’année ou pour avancer une année de retour à la normale de la fréquentation touristique.
"Il est dur d’annoncer des chiffres, car l’enjeu est encore qualitatif plus que quantitatif, c’est-à-dire redorer l’image de la destination, maintenant que nous avons achevé notre phase dite de réassurance, détaille Julie Laronde. Les tour-opérateurs sont encore frileux à renvoyer des gens en Nouvelle-Calédonie tant qu’il n’y a pas vraiment de stabilité ou d’accord sur le plan politique. Par ailleurs, nous dépendons de l’aérien, dont la reprise a été timide en décembre. Pour l’instant, les rotations repartent un peu à la hausse avec Sydney, Brisbane ou encore Auckland, mais on n’est pas du tout en pleine capacité des programmes de vols. Sans oublier la fermeture des lignes Melbourne et Tokyo."
Les cinq étapes du plan 2024/2025 de relance du tourisme. Source NCTDe son côté, Daniel Houmbouy, directeur général de la compagnie Aircal, également confrontée à la chute des touristes, a indiqué, lors d’un entretien accordé aux Nouvelles, miser sur un retour à la normale du trafic à l’horizon 2028-2029. Un scénario que Julie Laronde juge, de son côté, trop lointain et pessimiste.
La croisière tient mieux le choc
L’an passé, plus de 191 528 croisiéristes ont été accueillis dans le pays, soit une baisse globale de 44 % par rapport à 2023. Si ce recul est moins marqué que pour les touristes arrivés par avion, c’est parce que les escales de paquebot ont repris plus tôt, dès le 10 novembre à Nouméa, puis à Lifou.
"La croisière connaît une relance notable entre novembre et décembre, avec des chiffres qui représentent près de la moitié du trafic mensuel de 2023, note Julie Laronde. En ce qui concerne 2025, le nombre d’escales prévues est actuellement inférieur de 25 % par rapport à 2023, mais ça reste une donnée encourageante, d’autant plus qu’elle peut encore évoluer à la hausse au fil des mois. Le retour de la croisière est une véritable bouffée d’air pour de nombreux opérateurs touristiques de Nouméa et Lifou."
L’Australie baisse son niveau d’alerte… sur la côte Ouest uniquement
Capture d’écranLa décision était attendue de pied ferme par les professionnels du tourisme. En janvier, le site de conseils aux voyageurs du gouvernement australien, Smartraveller, a officiellement revu son niveau d’alerte à la baisse pour la Nouvelle-Calédonie en passant du niveau 3/4 ("Reconsidérer ce voyage") au niveau 2/4 ("Faire preuve d’une prudence accrue sur place"), déjà en vigueur dans des destinations très populaires comme Bali. En revanche, ce réajustement ne concerne qu’une petite partie du pays, à savoir la bande littorale Ouest de Nouméa jusqu’à Koné. Une décision qui a de quoi surprendre. "C’est d’autant plus étonnant que tout le reste du pays soit encore en orange quand on sait que les croisières ont repris à Lifou, commente Julie Laronde. Cette baisse est encourageante, mais encore insuffisante. Je sais que la consule générale d’Australie doit se rendre à la rencontre des acteurs du tourisme à l’île des Pins ce vendredi par exemple. Elle participe à émettre les recommandations avec Canberra. Nous verrons donc si de nouveaux réajustements seront décidés prochainement."
Note
*L'Isee précise qu'il s'agit de premiers chiffres qui devront encore être consolidés. Ces données ne prennent pas non plus en compte l'arrivée des forces de l'ordre sur le Caillou.
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