- Anne-Claire Pophillat | Crée le 20.05.2025 à 05h00 | Mis à jour le 20.05.2025 à 08h45ImprimerChristopher Gygès annonce qu’une fiche d’impact va être réalisée afin d’estimer ce que vont coûter les mesures proposées dans l’accord-cadre et ce qu’elles peuvent rapporter. Photo A.-C.P.Le 12 mai, le gouvernement signait, avec les syndicats de salariés et les organisations patronales, un accord-cadre établissant une liste de réformes à mettre en œuvre en vue de participer au redressement de l’économie, dans le prolongement de la conférence sociale et fiscale organisée fin avril. Les premières mesures – aide au retour à l’emploi et extension de la liste des produits de première nécessité – sont attendues dans les semaines à venir. Le point avec Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie.
Un accord-cadre entre l’exécutif et les partenaires sociaux a été signé le 12 mai. Quel est l’objectif de ce document ?
La volonté de cet accord est déjà de montrer qu’on avance ensemble, partenaires sociaux et gouvernement. Le fond est très important, mais la forme également. On a pris le temps nécessaire pour finaliser le texte et le gouvernement a travaillé en toute transparence. On n’est pas forcément d’accord sur tout, mais on a la nécessité de montrer qu’on est en capacité de se rejoindre sur l’essentiel, c’est-à-dire le fait de redresser la Nouvelle-Calédonie. Et cela ne se fera pas sans un alignement au moins a minima des différents acteurs sociaux, économiques et politiques.
La Fédé et Force ouvrière n’ont pas signé cet accord, le jugeant notamment trop libéral. Des points peuvent-ils toujours être discutés ?
Je constate déjà que la totalité des organisations patronales et la très large majorité des syndicats de salariés l’ont signé. Je l’ai dit depuis le début, tout le monde est le bienvenu autour de la table. On a tous mis notre idéologie de côté pendant ces semaines de discussion. Moi le premier. On a fait le choix de rapprocher les différents points de vue. La Fédé et FO sont restés bloqués sur leur position, ce n’est pas comme ça qu’on fait consensus.
Comment avez-vous avez pensé cet accord et quelles en sont les principales mesures ?
On a voulu à la fois répondre à la nécessité du long terme, mais aussi à l’urgence du très court terme, l’emploi et le pouvoir d’achat. Concernant le pouvoir d’achat, une des principales mesures vise à étendre la liste de produits de première nécessité (PPN) de 15 à 60. C’est un effort majeur porté par la collectivité, qui coûte 500 millions de francs. Une baisse des droits de douane sur les produits venant de la région, notamment d’Australie et de Nouvelle-Zélande, représente aussi un soutien fort pour le pouvoir d’achat des Calédoniens.
Est-il garanti que cette réduction soit répercutée sur les prix ?
On travaille sur des accords interprofessionnels avec un engagement des acteurs. La Direction des affaires économiques (DAE) a constaté le niveau des prix aujourd’hui et je n’hésiterais pas à indiquer qui ne joue pas le jeu publiquement.
Je compte proposer une loi qui prévoit une baisse de l’impôt sur les sociétés pour redonner de l’attractivité et de la compétitivité aux entreprises. Pour financer cette mesure, on souhaite instaurer une taxation sur les prestations extérieures, c’est-à-dire taxer ceux qui font des affaires en Nouvelle-Calédonie, mais qui n’y sont pas installées.
Un autre point vise à la fois à alléger les impôts des entreprises et à favoriser l’intéressement pour les salariés. De quoi s’agit-il ?
Je compte proposer une loi qui prévoit une baisse de l’impôt sur les sociétés pour redonner de l’attractivité et de la compétitivité aux entreprises, et en même temps, l’élargissement et la défiscalisation de l’intéressement pour les salariés. Pour financer cette mesure, on souhaite instaurer une taxation sur les prestations extérieures, qui existe par exemple en Polynésie, en Australie, en Nouvelle-Zélande…, c’est-à-dire taxer ceux qui font des affaires en Nouvelle-Calédonie, mais qui n’y sont pas installées. On a aussi relancé l’État pour réviser la convention fiscale avec la France. Cela permettrait de mettre trois milliards de francs en plus dans les caisses. Aujourd’hui, quand une société nationale fait remonter ses bénéfices au niveau de son siège, la taxation se fait au niveau national et pas au niveau local.
Est-ce que cette baisse de l’impôt sur les sociétés sera assortie d’engagements de leur part ?
Les entreprises ont beaucoup subi et subissent encore beaucoup. Je l’assume très clairement, je veux aider massivement les entreprises qui sont installées localement, qui payent des impôts et créent de l’emploi. La Direction des services fiscaux montre que quand on baisse l’impôt sur les sociétés, cela ne veut pas forcément dire une baisse de rendement, puisqu’il y a souvent une croissance de l’activité économique. C’est ce qu’il s’est passé en Métropole. Et cette mesure doit être compensée par la taxe sur les prestations extérieures. On envisage également d’exonérer les nouvelles entreprises d’IS pendant 3 ans.
On veut favoriser le retour à l’emploi en exonérant les entreprises de charges patronales jusqu’à la fin de l’année.
Le chômage partiel exactions prend fin au 30 juin. Un autre dispositif va-t-il prendre le relais ?
Le chômage partiel classique perdure. On veut l’augmenter légèrement, mais surtout favoriser le retour à l’emploi en exonérant les entreprises de charges patronales jusqu’à la fin de l’année. Il est également prévu de rehausser le budget de l’alternance et de l’apprentissage. Le gouvernement va aussi travailler avec les provinces, afin de mettre en place des dispositifs flash de reconversion. Enfin, je pense qu’il serait intéressant de créer un dispositif d’accompagnement à la création d’entreprises.
Un des grands changements concerne la santé, qui ne serait plus totalement financée par le travail, mais aussi par la fiscalité. Qu’est-ce qui serait mis en place ?
Il s’agit d’une évolution structurelle. La santé serait financée en tout ou partie par la fiscalité, la TGC (Taxe générale sur la consommation). La réflexion va porter sur la façon dont on la réforme, si on applique un taux unique ou pas, à quel niveau, et surtout quel impact cela peut avoir de transférer tout ou partie des charges sociales sur la TGC, et comment on arrive à le répercuter en augmentation de salaire. Une étude va être lancée prochainement sur les différentes hypothèses : que tout soit financé par la TGC, une partie par la TGC et une autre par la CCS, etc. On verra ce qui marche selon les projections et on choisira en fonction.
C’est normal que tout le monde paye la santé. Ce n’est pas gratuit et il faut que les gens s’en rendent compte. Donc, le fait de mettre une part dans la TGC, ça montre aussi que la santé à un coût.
Le fait de financer tout ou partie de la santé par la taxe sur la consommation, cela ne va-t-il pas davantage affecter les revenus les plus faibles et jouer sur le pouvoir d’achat ?
Vu la situation dans laquelle on est, c’est normal que tout le monde paye la santé. Ce n’est pas gratuit et il faut que les gens s’en rendent compte. Donc, le fait de mettre une part dans la TGC, ça montre aussi que la santé à un coût. Et le but, c’est aussi d’avoir une politique de rehausser les plus bas salaires.
Les entreprises seront-elles contraintes de répercuter la baisse de la CCS sur les salaires, est-ce qu’il y aura des contrôles ?
Si on supprime une part des charges salariales, forcément, les salaires vont augmenter. Les organisations patronales proposent de restituer 50 % de la baisse de part patronale sur les salaires. Tout le monde est convaincu qu’il faut une relance par la consommation et qu’il faut augmenter les bas salaires, que c’est une nécessité.
Quand doivent être mises en place les premières mesures ?
Dès ce mercredi ou le suivant, en séance collégiale du gouvernement. Elles vont d’abord concerner le chômage partiel et l’extension des PPN. Et nous allons demander à l’État d’étendre la péréquation du fret sur la Nouvelle-Calédonie, au moins sur les produits de première nécessité. C’est une mesure qui était sortie dans le rapport du Sénat sur la vie chère. On a acté un guichet unique avec les provinces sur la partie emploi. En termes de simplification, on va également créer un registre unique, les registres de la Chambre des métiers et de l’artisanat, de la Chambre d'agriculture et de la pêche et de la Chambre de commerce et de l’industrie vont fusionner. Je souhaite faire passer ça d’ici la mi-juin.
Est-ce que l’absence d’accord politique peut freiner ces mesures ?
C’est sûr que ce serait mieux qu’il y ait un accord, mais on ne va pas laisser l’économie s’effondrer parce qu’il n’y en a pas. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga de la suite. On doit créer des nouvelles filières, on doit lutter contre la vie chère, on doit développer notre parc énergétique. Il y a plein de choses à faire sur tout ça. Il faut avancer.
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