Concerts, danses, stands aux mille couleurs et aux mille saveurs… La place des Cocotiers renoue depuis ce matin avec une tradition portée par la mairie : les Jeudi du centre-ville. Un rendez-vous mensuel qui avait quasi disparu depuis les émeutes (seule une édition spéciale Tahiti avait été organisée en octobre dernier). Mais c’est sans compter sur "la volonté de maintenir" cette manifestation, désormais inscrite dans le paysage nouméen.

"Malgré les restrictions budgétaires, la ville a souhaité relancer l’évènement pour soutenir les artisans, qui sont en grande difficulté et ont besoin de travailler, mais aussi pour recréer du lien", glisse Valérie, de Pacfic Fair, en charge de la gestion de cette manifestation, dont trois autres éditions sont d’ores-et-déjà programmées : le 10 juillet avec la province Nord en invité, le 21 août sur le thème de la gastronomie, et enfin, un rendez-vous de deux jours autour de Tahiti, prévu en octobre.

Une bonne nouvelle pour les professionnels, frappés de plein fouet par la crise et l’effondrement du pouvoir d’achat depuis le 13-Mai.

"C’est très difficile en ce moment. On essaie d’exposer un peu partout pour s’en sortir, donc c’est très important de maintenir ce genre d’évènements, confie Vaitiaré, à la tête de Heitama fabrication, qui propose des instruments et objets traditionnels polynésiens, et dont le chiffre d’affaires a chuté de moitié en un an. On fait avec car on n’a pas le choix. C’est dur mais on refuse de baisser les bras. La vie continue."

Un état d’esprit que partage Véronique Delessert, de Thio : "Je participe beaucoup aux marchés et autres événements, mais les gens n’ont plus d’argent, ils circulent, ils regardent, sauf que mes articles ne sont pas des achats prioritaires. Et tant qu’il n’y a pas de retour des touristes, c’est très compliqué, commente cette vendeuse de vannerie et de sculpture kanak, en lien avec l’association Artcöö, qui tenait pourtant absolument à répondre présent au Jeudi du centre-ville. C’est un rendez-vous très important et il faut y participer pour redonner de l’animation. C’est aussi l’occasion de sortir et de nous rencontrer entre artisans pour parler et partager nos difficultés, échanger des conseils, etc. Malgré nos difficultés, je reste sereine."

Un optimisme, sans doute un brin forcé, qu’exprime l’ensemble des professionnels rencontrés ce jeudi matin et que résume Tika Manuopava, créatrice de tenues wallisiennes : "Les gens se retiennent beaucoup plus d’acheter qu’avant. Pourtant, ils en ont l’envie. Donc on reste positifs. Même quand tout semble difficile, il faut se concentrer sur le positif."