A Kouaoua, le doute plane au-dessus de la SLN. La serpentine, qui achemine le minerai de la montagne au port depuis 1977, fierté de l’entreprise minière et de toute la commune, a encore été prise pour cible, dans la nuit de lundi à mardi. Un sabotage qui en rappelle d’autres et qui porte à croire que c’est bien la SLN qui est visée par un ou plusieurs individus qui ont mis le feu à cet outil de production. « Que veulent les incendiaires ? Qui sont-ils ? En brûlant la serpentine, c’est tout un symbole de la SLN qu’on touche », s’exaspère Olivier Beligon, chargé de communication de l’industriel.

Quatre incendies en deux ans

La société a été informée de l’incendie juste avant minuit. Le feu aurait pris au pied de la mine, non loin de la tribu de Méa-Mébara, sur une zone accessible à pied. Ce n’est qu’à 1 heure 30 du matin que les flammes ont cessé de ronger le convoyeur long de onze kilomètres.

Les gendarmes, en charge des investigations, s’orientent vers la piste criminelle. En deux ans, la serpentine a été victime d’actes de vandalisme à quatre reprises. Il y a trois semaines, un peu plus de 250 mètres du tapis roulant avaient été la proie des flammes. À chaque fois, la piste intentionnelle est avancée. Mais personne n’a encore été inquiété compte tenu de la complexité des enquêtes faute, notamment, de preuves et de témoins. Le mystère demeure. La SLN menacée ? Par qui et pourquoi ? « On parle souvent des jeunes. Mais ils ont bon dos. Je pense que les incendiaires veulent s’en prendre directement à la SLN, peut-être lui faire passer un message. Après, vous dire qui est derrière tout ça, j’en suis incapable », explique Alcide Ponga. Le maire est furieux. La commune est directement touchée par de tels agissements. « Allons-y, continuez à brûler la SLN et à la fin, on va finir tout seul à Kouaoua !, vitupère Alcide Ponga. Si l’entreprise décide de fermer et de se retirer, comment allons-nous faire ? » Sur ce territoire de la côte Est, on estime « entre 300 et 400 emplois directs et sous-traitants » liés à l’activité de la SLN, selon le maire, qui évoque « le dépit », « le découragement », « l’exaspération » et « la colère » de ses administrés.

La SLN « envisage sérieusement d’arrêter »

« Ces incendies mettent en péril la SLN mais aussi la commune. La société va devoir prendre des mesures et l’extrême décision serait de partir. Qu’est- ce que voulez-vous que je fasse, moi, maire de Kouaoua ? On est suspendu à la décision de la SLN. »

Le maire craint le pire. L’entreprise évoque un retrait de ses activités de la commune ce qui aurait d’importantes conséquences. « On se pose la question : comment travailler dans un lieu où les fauteurs de troubles ne sont pas arrêtés ? On envisage sérieusement d’arrêter. Nous sommes à Kouaoua depuis longtemps mais nous ne pouvons pas accepter de subir une telle situation », déclare Olivier Beligon. Le bilan des dégâts est faramineux. Sans compter ce dernier incendie dont le préjudice est en cours d’évaluation, la note grimpe à 110 millions de francs. Cette fois-ci encore, les équipes techniques vont devoir aller au plus vite pour que l’impact sur la production soit le plus faible possible. « On se focalise sur les réparations. Les équipes sont mobilisées, elles font preuve d’un engagement sans faille », ajoute le chargé de communication. Le prochain minéralier est attendu fin mai. D’ici là, le tapis roulant doit être remis en état.