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    Nouvelle Calédonie
  • Photos : Archives HGJ - Textes : M.C. | Crée le 02.10.2019 à 07h00 | Mis à jour le 02.10.2019 à 07h14
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    Arrivé sur le Caillou en 1969, Jacques Jeandot a commencé par être vendeur de pièces détachées chez Peugeot Ménard. Puis ce sera la maçonnerie à Népoui et l’étanchéité, avant de se lancer en 1970 dans « le dur travail de la mine » après avoir acheté une pelleteuse de chargement à Yvan Ohlen. Une pelle avec laquelle il fera quasiment le tour de la Calédonie, notamment pour aller construire un aérodrome à Ponérihouen (notre image en 1972). Aérodrome qui n’accueillera finalement jamais d’avion.
    HOMMAGE. « Le fait le plus marquant de toute ma vie reste le moment où j’ai débarqué du Caledonia après 45 jours de mer le 27 mars 1969, à l’âge de 23 ans. De mon hublot, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu ces toits rouillés des docks d’autrefois baie de la Moselle, la mer était calme et je savais que ma route s’arrêtait là. J’ai vu le bout du monde et j’ai su que c’était vraiment ma destination. » Des décennies après son arrivée, l’amour de Jacques Jeandot pour le Caillou ne s’est jamais démenti.

    Saisissant une nouvelle opportunité, Jacques Jeandot revend son premier engin pour investir dans un grader avec lequel il décroche des contrats d’entretien de routes de mines.


    « Le 1er mai 1974, j’ai installé un cabanon, soudé moi-même des poteaux, posé des grillages, monté des barrières et j’ai mis ma première voiture en vente : la mienne ! » : Bir Hakeim était né.


    Un rallye-marathon de 33 000 kilomètres : le Londres-Sydney dans lequel se sont lancés, en 1977, Jacques Jeandot et son copilote, Werner Koch, est une épopée comme on n’en fait plus. A bord de la voiture n°22, rapidement surnommée la « Cox caldoche », l’équipage calédonien arrive en tête des amateurs à Sydney.


    En mars dernier, Jacques Jeandot et le président de la Fédération internationale automobile, Jean Todt, se sont retrouvés à Nouméa. Leur rencontre remonte à 1977 et à ce fameux rallye Londres-Sydney. Une ville que Jean Todt n’était pas parvenu à rallier. Les deux passionnés s’étaient recroisés un an plus tard sur la ligne de départ du Tour d’Amérique du Sud.


    Féru de musique, Jacques Jeandot avait une prédilection pour le rock. Et une détestation : le jazz dont il disait, ne mâchant pas ses mots : « On dirait un concert de klaxons ». Photos


    Ce cliché est celui de la plus spectaculaire sortie de route de Jacques Jeandot. Après la rupture de la rotule de direction sur le chrome de fer, la voiture de la team Renault s’est enfin immobilisée avec deux roues dans le précipice.


    HOMMAGE. La discrétion était l’un des traits de caractère de Jacques Jeandot. Dans ses rares interviews, il se livrait en revanche avec beaucoup de sincérité, notamment sur ses passions.

    Au chapitre des très rares confidences, son faible pour les escargots de l’île des Pins et son amour pour la cuisine. « J’aime énormément cuisiner, je passe mes week-ends devant mes fourneaux où je prépare des pâtés de tête, des confitures de papayes… » Un plaisir de la table qu’il aimait partager avec ses collaborateurs.

     

    Accro au rock

    « Je n’ai jamais appris à jouer d’un instrument. C’est un grand regret. Il faut au départ une capacité naturelle d’avoir envie et avoir un don qui s’exprime. Chez moi, ce n’est pas le cas, ni pour l’un, ni pour l’autre. Un regret particulier, c’est la guitare. Etant accro au rock, je trouve que c’est vraiment l’instrument qui procure le plus de plaisir. Un groupe de rock sans guitare, ça n’existe pas. Les qualités d'un musicien ? Déjà, avoir du talent au départ. Mais le talent, ça ne suffit pas. Les musiciens d’aujourd’hui sont des gens qui travaillent beaucoup. Très peu deviennent des virtuoses. La passion aussi doit être au rendez-vous. La passion donne la capacité au travail. »

    « Tout casser et tout reconstruire »

    A la question qu’est-ce qui vous fait vibrer, Jacques Jeandot répondait : « Ce sont ces challenges permanents et successifs qui ont abouti. Il y a eu des réussites, mais aussi des échecs. Aujourd’hui, je suis encore le premier au travail et le dernier parti. Cependant, je n’ai pas l’impression de travailler. Désormais, il y a moins de challenge, il s’agit beaucoup plus de gestion… ce n’est pas ce que je préfère. J’aime créer. Tout casser et tout reconstruire : un nouveau show room, une nouvelle éco… Il faut savoir se renouveler, en Calédonie plus qu’ailleurs ! »

    Passion rallye

    « J’ai fait des rallyes pendant plusieurs années. En 1977, j’ai fait Londres-Sydney en Coccinelle. Un marathon de 33 000 km en un mois. Il reste le plus long rallye de tous les temps. En 1978, j’ai fait le tour d’Amérique du Sud en 504 Peugeot. Il y a aussi eu l’époque des rallyes en Calédonie de 1974 à 1982, puis de 1990 à 1995 mais j’étais quand même très pris par mon travail et je n’ai plus pu m’investir dans cette passion. Je naviguais toujours à vue, sans note. J’ai pris beaucoup de plaisir, le rallye reste le seul sport qui m’ait procuré autant de joie. »

    « Se précipiter sur la vie »

    « Le temps passe excessivement vite pour quelqu’un qui est occupé et qui a des idées, il faut se précipiter sur la vie et les bons moments, ne serait- ce que dans votre voiture, écoutez de la musique, augmentez le son et absentezvous quelques minutes. »

     

    Les Calédoniens émus

    Actionnaire lui aussi du groupe Melchior, Georges Montagnat du groupe éponyme, a tenu, hier, à exprimer son émotion : 

    « J’ai connu Jacques Jeandot à ses débuts. Fraîchement débarqué et sans le sou, il a débuté comme rouleur sur mine. Bourreau de travail, il s’est révélé très vite être au-dessus de la mêlée et n’est pas resté très longtemps dans le monde du nickel. J’ai toujours admiré le courage, l’audace et le flair avec lesquels il a gravi tous les échelons dans le monde des affaires.

    « Il y a quelques années, notre groupe a participé avec lui au rachat des Nouvelles calédoniennes dans l’unique but de permettre au seul quotidien calédonien de continuer d’exister. Je l’ai vu mettre toute son énergie pour faire vivre cette entreprise alors que dans le même temps il devait se battre avec un courage immense contre la maladie. Je salue amicalement sa mémoire et présente à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances. »

    Hommage de la province Sud

    « La présidente, Sonia Backès, et les élus de l’assemblée de la province Sud saluent la mémoire de Jacques Jeandot. Il fait partie des pionniers qui ont forgé la Calédonie d’aujourd’hui. Il a, par son sens des affaires et son sérieux, largement contribué à développer l’économie du territoire.

    Nous saluons aujourd’hui la mémoire d’un homme discret, proche des siens, qui a su mettre son travail en valeur. Nous tenons à manifester notre profond soutien à sa famille et ses proches, en transmettant nos plus sincères condoléances et le témoignage de notre affection. »

    De nombreux internautes ont également tenu à réagir sur LNC.NC et sur notre page Facebook.

    Melikyno Lookes : « Mes sincères condoléances à la famille Jeandot, c'était un grand homme d'affaires, droit et respectueux envers ses employés. Un travailleur acharné. »

    Agnès Lavoix : « Un homme de grande valeur auto-entrepreneur de génie ! La Calédonie perd un de ses enfants bâtisseurs.»

    Guy L'incomparable : « J’ai connu M. Jeandot il y a bien longtemps. A l’époque il y avait la Satma et c’est lui qui m’avait vendu la seule Seat Malaga qui était sur le territoire. C’était un gentilhomme très simple. »

    Christine Blidy : « Voilà une figure calédonienne qui nous quitte et qui a fait énormément pour la Calédonie et les Calédoniens.»

    Guillaume Pagès : « Respect pour ce grand monsieur, un exemple de réussite et de détermination. »

    Stéphane Bertolotti : « Un grand homme et un exemple à suivre pour notre jeunesse... »

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