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    Nouvelle Calédonie
  • Julien Mazzoni | Crée le 26.06.2025 à 16h58 | Mis à jour le 26.06.2025 à 17h37
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    Avec l’instauration de la taxe croisière, les opérateurs devront s’acquitter d’une somme de 1 500 francs par passager. Un rendement de 700 millions à un milliard de francs est attendu par an. Photo Archives LNC / Thierry Perron
    Au terme d’un parcours laborieux, la loi de pays instaurant une taxe sur les croisières - 1 500 francs par passager -, déjà passé une première fois au Congrès en 2024, a finalement été de nouveau votée par les élus en seconde lecture ce jeudi 26 juin. La répartition de son produit, qui faisait débat, n’a pas été modifiée par rapport à ce que prévoyait le texte voté l'an dernier.

    On aurait pu croire à un voyage dans le temps. La teneur des débats de ce jeudi matin au Congrès ressemblait à s’y méprendre à celle du 2 mai 2024. Ce jour-là, les élus votaient la loi de pays instaurant une taxe sur les croisières déposée par le groupe UC-FLNKS et Nationalistes, après de vifs échanges sur la façon dont le produit de cette manne serait réparti. Alors que le Port autonome et le GIE Tourisme Nouvelle-Calédonie devaient en être les bénéficiaires dans le texte initial, sous la pression des Loyalistes et du Rassemblement, il était décidé de le flécher ainsi : 60 % vers un fonds de promotion du tourisme de croisière (lui-même réparti entre les provinces - 83 % - et les communes - 17 % -), 20 % au Port autonome et 20 % au GIE NC Tourisme. Un amendement avait alors été adopté en ce sens. 

    C’est Paul Néaoutyine qui, le 17 mai suivant, demandait une seconde lecture. Le président de l’assemblée de province Nord et le groupe UNI au Congrès considéraient cette redistribution du produit "contraire à la clé de répartition." Jean-Pierre Djaïwé souhaitait amender le texte pour que la taxe abonde les caisses de la Nouvelle-Calédonie, en grande difficulté budgétaire.

    "Une nébuleuse de fonds"

    Ce jeudi 26 juin au matin, les élus ont donc de nouveau débattu sur le fléchage du produit de cette taxe, et parfois même des taxes en général, transportant par moments le débat dans le champ de la philosophie davantage que dans celui de la politique. Milakulo Tukumuli (Éveil océanien), favorable à l’amendement de l’UNI, soulignant qu’à "chaque fois qu’une recette nouvelle est créée, ce sont les provinces ou les communes qui en bénéficient" et fustigeant "la nébuleuse de fonds créés depuis les accords, dont plus personne ici ne sait à quoi ils servent."


    Le Congrès a examiné deux textes en seconde lecture : celui sur la taxe des croisières et celui sur la protection de la ressource en eau. Tous les deux ont été adoptés. Photo Julien Mazzoni

    "Architecture fiscale" contre "répartition intelligente"

    Calédonie ensemble, par la voix de Philippe Michel, est également allé dans ce sens, paraphrasant le Premier ministre, François Bayrou, en évoquant "l’Himalaya de difficultés" que doit affronter la Nouvelle-Calédonie. Son groupe regrette lui aussi que cette taxe ne soit pas utilisée pour combler son déficit. Philippe Gomès a rappelé de son côté "l’architecture fiscale issue de l’accord de Nouméa, certes imparfaite mais qui a permis par la clé de répartition de redistribuer solidairement les impôts créés par la Nouvelle-Calédonie" et demande à respecter cette architecture. "Ce n’est pas un viol de l’architecture fiscale, c’est une répartition intelligente des retombées, s’est défendu Philippe Blaise, du groupe Les Loyalistes. Sur les croisières, nous sommes en compétition avec des pays de la région, s’il va dans le budget de la Nouvelle-Calédonie, ce fonds sera noyé."

    Finalement, l’amendement a été rejeté et le texte, enrichi d’un article prévoyant la présentation annuelle d’un bilan de la taxe, adopté (33 voix pour, 18 contre et 2 abstentions), après trois ans de gestation dans les couloirs de l’institution et autant de pertes fiscales pour le pays. Pour rappel, le gouvernement estime que les revenus de cette taxe payée par les opérateurs de croisière devraient générer entre 700 millions et un milliard de francs par an sur la base d’un tarif de 1 500 francs par passager.

    La loi sur la protection de l’eau également adoptée

    Adoptée en avril, une autre loi du pays était soumise à une seconde lecture des élus ce jeudi matin. Il s’agit de celle relative au domaine public de l’eau et à la protection de la ressource. Un texte déposé lui aussi en juin 2023 et dont l’objectif est de moderniser et de rationaliser la gestion de l’eau, dont la réglementation est devenue obsolète et rendue floue par le mille-feuille administratif calédonien, en redonnant au maximum à la Nouvelle-Calédonie la compétence de la gestion de cette ressource. La loi prévoit notamment que les installations et les activités sur le domaine public soient soumises à autorisation des services du gouvernement.

    La seconde lecture a été demandée par les Loyalistes. Philippe Blaise a expliqué qu’il y voyait "une discrimination entre terres coutumières et terres de droit commun. Ce texte crée un système discriminatoire en imposant des exigences sur les terres privées et pas sur les terres coutumières". Et souhaitait s’opposer à cette exonération des terres coutumières.

    Comme pour l’examen de la loi précédente, les débats se sont bien souvent éloignés du champ politique. Le camp Loyaliste s’interrogeant par la voix de Lionnel Brinon sur "comment légiférer et protéger la ressource sur terres coutumières" craignant que les coutumiers puissent faire pression sur les communes et le gouvernement lorsque les sources se trouvent sur leurs terres. "Une porte ouverte aux blocages des cours d'eau", estime sans ambages Lionnel Brinon, tandis qu’Ithupane Tiéoué (UNI) a rappelé que "la tribu ce n’est pas la jungle, nous avons des règles ! Le prélèvement de l’eau y est règlementé". Malgré l’imperfection de la loi et les flous juridiques qu’elle laisse craindre à une partie des élus Loyalistes, qui ont voté contre, le texte a été adopté par 32 voix contre 12 et 7 abstentions.

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