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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 18.12.2025 à 18h17 | Mis à jour le 18.12.2025 à 18h17
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    Les armateurs devront désormais s’acquitter d’une taxe entre 350 et 1 500 francs par passager pour chaque escale réalisée en Nouvelle-Calédonie. Photo Archives LNC / Thierry Perron
    Six mois après la création d’une taxe sur les croisières, les élus du Congrès étaient réunis ce jeudi 18 décembre afin de fixer les tarifs à appliquer. D’abord envisagé à 1 500 francs par passager, le coût d’une escale pourra finalement tomber à 350 francs pour les compagnies les plus fidèles, divisant par quatre le rendement total de la taxe. Une partie de l’opposition a dénoncé des concessions accordées aux opérateurs de croisière et un non-sens écologique. Explications.

    Depuis 2023, il multipliait les allers-retours sur le bureau du Congrès. Après des dizaines d’heures de débats en commission, un premier examen en mai 2024 suivi d’une seconde lecture un an plus tard, le projet de création d’une taxe sur les croisières vient d’achever un laborieux parcours législatif. Ce jeudi 18 décembre, les élus ont adopté une délibération visant à fixer le tarif par passager, dont devront désormais s’acquitter les opérateurs de croisière dès qu’ils réalisent un toucher en Nouvelle-Calédonie.

    La loi du pays laissait au Congrès la possibilité d’établir un tarif compris entre 250 et 10 000 francs par passager et par escale. Mais le gouvernement avait basé l’ensemble de ses projections sur un tarif de 1 500 francs. Ainsi, il avait estimé le rendement total de la taxe entre 700 millions et un milliard de francs par an, répartis entre le port autonome, la GIE Tourisme, les communes et les provinces. Ce sera finalement beaucoup moins.

    Inciter à plus d’escales

    La taxe sur les croisières devrait rapporter, en 2026, 119 millions de francs. Son rendement pourrait atteindre 287 millions de francs en 2027, soit trois fois moins qu’initialement envisagé. En cause : le dépôt d’un amendement en commission instaurant des tarifs dégressifs en fonction du nombre d’escales effectués par les compagnies. Ainsi, ces dernières paieront 1 500 francs par passager si elles effectuent moins de 50 escales par an, 500 francs si elles en réalisent entre 50 et 129 et, enfin, 350 francs à partir de 130 escales. L’objectif avancé est de privilégier les compagnies qui réalisent des escales toute au long de l’année et d’inciter les opérateurs moins réguliers à en effectuer davantage. D’autre part, le même amendement prévoit de réduire de 50 % ces tarifs pour les passagers âgés de 1 à 12 ans.

    Une proposition du gouvernement et de la rapporteure du texte, Omayra Naisseline (UC-FLNKS et Nationalistes), qui fait suite à des rencontres avec les acteurs du tourisme de croisière en Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’une prise en compte d’une baisse de l’activité depuis la crise de 2024. En 2025, 130 escales ont été réalisées, contre 188 en 2023. Les prévisions tablent sur 140 touchers en 2026.

    Mais pour une partie de l’opposition, ces nouveaux tarifs sont surtout le résultat d’un intense travail de lobbying des compagnies. "On a clairement l’impression qu’on vient faire plaisir aux armateurs", a regretté Inès Kouathe, du groupe UNI, constatant que "les intérêts particuliers priment sur l’intérêt général". C’est, au contraire, une "approche pragmatique", défend la rapporteure du texte, guidée par une étude de marché qui a mis en évidence des systèmes similaires dans d’autres pays du Pacifique, à commencer par la Polynésie française.

    "On en subira les conséquences"

    "Par rapport au rendement attendu, les prévisions sont décevantes, a reconnu Nina Julié (Intergroupe Loyalistes). Mais il faut regarder les chiffres : quand on a 40 000 croisiéristes, soit trois fois moins qu’en 2023, notre objectif doit être l’attractivité, pas l’application d’une taxe qui assassine les armateurs et les touristes." Certains conseillers ont également pointé le non-sens écologique que représente, à leurs yeux, la dégressivité des tarifs appliquée aux opérateurs les plus présents en Nouvelle-Calédonie. "On ne peut pas avoir un lagon classé au patrimoine mondial de l’Unesco et réduire les tarifs en fonction du nombre de touchers, a critiqué Marie-Line Sakilia (hors groupe), y voyant une incitation à un tourisme de masse délétère pour la biodiversité du Caillou. Réduire la pollution n’est clairement pas l’objet de cet amendement et on en subira les conséquences plus tard."

    La loi du pays prévoit toutefois la création d’un "fonds pour le développement et la promotion du tourisme de croisière", censé financer notamment des études d’impact environnemental et une communication aux passagers pour les sensibiliser au respect de l’environnement. La délibération d’application a finalement été adoptée à 30 voix pour, 16 contre et une abstention.

    La taxe sur l’électricité réaffectée au budget de la Nouvelle-Calédonie


    Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge du budget, a défendu un amendement visant à réaffecter le produit de la taxe sur l’électricité vers le budget de la Nouvelle-Calédonie, ce jeudi 18 décembre au Congrès.

    Un sujet a occupé une bonne partie de la séance publique ce jeudi 18 décembre, au Congrès : la réaffectation de la taxe sur l’électricité. À l’origine, cet impôt dû par les distributeurs d’énergie électrique devait être versé au Fonds d’électrification rurale (Fer) à hauteur de 68,8 % et à l’Agence calédonienne de l’énergie (ACE) à hauteur de 31,2 %. En 2024, le produit de cette taxe s’est élevé à 729 millions de francs.

    Dans un projet de loi du pays déposé en mai et examiné ce jeudi, le gouvernement proposait de réaffecter à Enercal, concessionnaire du réseau public d’électricité, la part due à l’ACE pour les trois prochaines années. Cela représentait entre 233 et 282 millions de francs par an. Un moyen de participer au sauvetage du système électrique calédonien, confronté à de grandes difficultés financières, sans affecter le budget de l’Agence calédonienne de l’énergie, qui peut compter en 2025 sur le soutien financier de l’Union européenne (506 millions de francs).

    Amendement de dernière minute

    Mais cette réaffectation a finalement été revue à la dernière minute à travers un amendement, déposé ce jeudi 18 septembre en séance par la rapporteure du projet de loi, Muriel Malfar-Pauga (Intergroupe Loyalistes) et soutenu par le gouvernement. Il prévoit que pour l’année 2026, la part due à l’Agence calédonienne de l’énergie ne soit plus affectée à Enercal, mais soit directement intégrée au budget de répartition de la Nouvelle-Calédonie. Il acte également que le Fonds d’électrification rurale, qui devait conserver sa part intacte, ne disposera finalement que d’une fraction (36,2 %) du produit de la taxe qui devait lui être affecté. En 2026, le Fer touchera ainsi 295 millions de francs sur les 500 millions qui lui étaient dus. La part restante sera, elle aussi, reversée dans le budget de répartition de la Nouvelle-Calédonie.

    Un "effort collectif de solidarité", a justifié le gouvernement, en quête permanente de nouvelles recettes pour constituer un budget 2026 à l’équilibre. Cette révision doit également laisser le temps à l’exécutif de réaliser un audit d’Enercal. La société en charge du transport public de l’électricité percevra la part de l’ACE, comme prévu par le projet de loi, pour les années 2027 et 2028. Si la méthode a été critiquée par une partie des conseillers, placés au pied du mur par un amendement déposé en début de séance, celui-ci a été adopté à l’unanimité, tout comme le projet de loi du pays.

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