- Gilles Caprais | Crée le 21.02.2018 à 04h25 | Mis à jour le 21.02.2018 à 08h44ImprimerSeatrade s’en est allé. La mésaventure du Kea Trader n’y est pour rien, assure-t-on du côté de l’agence maritime Ballande, ex-représentant à Nouméa de la compagnie maritime. Le problème est purement « structurel ». Photo Charlie RénéTransport. La compagnie hollandaise a arrêté ses rotations en Océanie. Son concurrent français CMA-CGM a racheté plusieurs de ses navires et affiche de grandes ambitions. Certains craignent une hausse des prix.
Les rayons des magasins ne mentent pas. Il y a des perturbations dans les livraisons de marchandises en provenance d’Europe. Le mauvais temps qui sévit dans l’Atlantique nord a causé le retard de plusieurs navires. L’autre raison, c’est la cessation d’activité de Seatrade. La compagnie maritime hollandaise a abandonné ses lignes d’Océanie.
« Les derniers conteneurs sont arrivés à la mi-janvier, indique Sylvain Mela, directeur de l’Agence maritime Ballande, qui était jusqu’alors l’agent commercial de Seatrade à Nouméa. Le coup est aussi rude que brutal.
La compagnie maritime représentait une « bonne partie » du chiffre d’affaires de son agent, et elle semblait avoir le vent en poupe. En 2017, Seatrade avait lancé une grande offensive sur la ligne Europe-Océanie : par un renouvellement partiel de la flotte, la capacité moyenne des huit navires avait été portée de 1000 à 2200 conteneurs.
Ajoutez à cela des prix très compétitifs - « Seatrade avait fait des efforts pour gagner un maximum de parts de marché », explique Sylvain Mela - un rythme de rotation élevé (un bateau tous les dix jours), le meilleur temps de traversée du marché (33 jours) grâce à une liaison directe, sans arrêt autre que Papeete, et vous obtenez, de l’avis général, un « service d’une très grande qualité ». La stratégie a fonctionné… dans une certaine mesure.
« Surcapacité » générale
La part de marché s’est effectivement envolée, s’approchant des 30 % (lire ci-contre). Mais la rentabilité, déjà limitée après plusieurs années de chute des prix du transport, est tombée en dessous du niveau jugé acceptable. De toute évidence, le « calcul était mauvais ».
De nombreux opérateurs, compagnies comme transitaires, pointent du doigt la « surcapacité » qui caractériserait le transport maritime en général et la ligne qui relie la Calédonie à l’Europe en particulier.
Certains s’inquiètent d’autant plus que le français CMA-CGM, autre géant du transport maritime, a acquis quatre des huit navires de Seatrade et qu’il en a affrété trois autres sur sa ligne Europe-Océanie, désormais bien pourvue, avec treize bateaux et un passage à Nouméa tous les sept jours. Déjà détenteur de 30 % du marché, CMA-CGM est donc bien placé pour devenir le transporteur majoritaire, loin devant MSC.
Seatrade - CMA-CGM : mariage annulé
Ce qui soulève des craintes dans les rangs des importateurs et leurs transitaires : celle d’un marché qui tendrait « vers le monopole », celle d’une augmentation des prix. « Ce n’est pas à l’ordre du jour », balaye Stéphane Mercadal, directeur des agences CMA-CGM de Nouméa et de Papeete.
« Vous pourrez vérifier dans quelques mois, ça n’arrivera pas », même si, oui, la compagnie a de l’ambition. « CMA-CGM espère reprendre la place qui était la sienne il y a quelques années. »
Le rachat du concurrent Sofrana en était déjà un signe. CMA-CGM était ensuite tout proche de conclure une entente avec Seatrade. « Ils ne sont pas venus au mariage », commente Stéphane Mercadal. La compagnie française est tout de même parvenue à accroître ses capacités, par le moyen que l’on sait.
Quant aux perturbations des livraisons liées au retrait de Seatrade, elles dureront encore un peu. On espère « un retour à la normale d’ici une quinzaine de jours », annonce Stéphane Mercadal.
Et si l'aérien récupérait des parts de marché?
L’arrêt des activités de Seatrade dans le Pacifique Sud signifie que le temps de transit minimum entre l’Europe et Nouméa enflera de quatre jours. Pour les importateurs de produits frais, la différence n’est pas négligeable. Certains réfléchissent à une combinaison de maritime et d’aérien pour raccourcir les délais.
CMA-CGM annonce des rotations intensifiées, avec un passage par semaine à Nouméa. Toutes les inquiétudes des importateurs n’ont pas disparu pour autant. Comme Seatrade auparavant, CMA-CGM effectue un service direct (les conteneurs ne changent jamais de navire) mais la liaison comporte des étapes sur la côte Est des États-Unis (New York, Savannah, Miami), ce qui fait un minimum de 37 jours de voyage entre Le Havre et Nouméa, contre 33 du temps de Seatrade. Et c’est encore plus long chez la concurrence. Avec MSC et Swire, les deux autres « grands » du secteur, les containers changent de bateau en cours de route, et le transit dure au moins 42 jours. « Une semaine, c’est déjà beaucoup pour les importateurs de produits frais », qui se font des cheveux blancs en surveillant les dates limites de consommation, rappelle Sylvie Jouault, du syndicat des importateurs (SIDNC). Si un produit arrive trop tard, il risque d’être refusé par la grande distribution, qui a de « fortes » exigences en la matière. Le sujet a été évoqué lors d’une réunion au Medef. L’option d’un développement du « Air & sea » a alors été évoquée. Il s’agirait d’effectuer le dernier tronçon du voyage, depuis l’Australie par exemple, par avion et non par bateau. Problème : le fret aérien est « déjà saturé », estiment plusieurs importateurs. Chez Aircalin, on étudie actuellement « différentes options pour apporter des capacités de fret supplémentaires ». Il y a des parts de marché à prendre. La compagnie va tenter de faire de la place pour les marchandises dans les soutes de ses Airbus.
Repères
Les parts de marché
L’Europe représente environ 50 % de l’import maritime, contre 35 % pour l’Asie, estiment les compagnies maritimes basées à Nouméa. Sur la ligne entre l’Europe et Nouméa, Seatrade a transporté 64 876 tonnes de marchandises en 2017, soit 27,1 % de parts de marché sur ce segment, disent les statistiques publiées par le Port autonome. Selon ce critère, CMA-CGM est leader avec 30,1 %, MSC est troisième avec 26,2 %. Swire, leader sur l’Asie, suit de loin avec 5,4 %.
Le prix du conteneur, ultra-confidentiel
Aucune compagnie ne communique sur ses tarifs. Un connaisseur du secteur estime que le minimum, pour un conteneur standard, tourne autour de 300 000 francs pour un Le Havre-Nouméa, au tarif « FOB », soit avant le paiement des taxes.
Une histoire de kiwis
Si Seatrade a modernisé et gonflé sa flotte en 2017, c’est notamment en raison d’engagements commerciaux avec les producteurs néo- zélandais de fruits et légumes, estiment plusieurs observateurs.
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