- Jean-Tenahe Faatau / Anthony Tejero | Crée le 15.05.2025 à 07h56 | Mis à jour le 15.05.2025 à 10h53ImprimerManuel Valls a été interpellé, parfois vivement, sur le dossier calédonien, mercredi 14 mai, par plusieurs parlementaires. Capture d'écranInterpellé mercredi 14 mai par le sénateur Georges Naturel, le ministre des Outre-mer a dit espérer " un rapprochement des points de vue " entre les élus locaux et, pour l’heure, refuse de s’avancer sur une date exacte pour l’organisation des prochaines élections provinciales, et encore moins sur la question du corps électoral. Après l’échec des négociations à Deva, Manuel Valls a d’ailleurs été interrogé par plusieurs parlementaires, certains dénonçant la proposition de souveraineté partagée du représentant de l’État, accusé de "larguer" la Nouvelle-Calédonie. Le point avec notre partenaire Outremers360.
Parti de Nouvelle-Calédonie, le jeudi 8 mai, sans accord politique conclu avec les partenaires calédoniens, après avoir mis sur la table un projet de souveraineté partagée avec la France, le ministre des Outre-mer était attendu, ce mercredi, en séance des questions au gouvernement, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.
Dans ce contexte, le sénateur calédonien Georges Naturel a interrogé Manuel Valls à la fois sur la date des élections provinciales et sur l’épineuse question du corps électoral provincial. Pour rappel, faute d’accord, le ministre avait déclaré en conférence de presse que ce scrutin devra bien avoir lieu avant la fin de l’année. Et ce, "conformément au cadre juridique actuellement en vigueur", comprenez dans un corps vraisemblablement toujours gelé. Un sujet qui fait bondir le camp loyaliste.
Ouverture du corps électoral aux natifs ?
"Le gouvernement envisage-t-il de déposer préalablement à ce scrutin un projet de loi organique permettant d’ouvrir partiellement le corps électoral provincial, notamment à tous les natifs de Nouvelle-Calédonie et aux petits-enfants des citoyens calédoniens afin de rendre plus démocratiques les prochaines élections provinciales ?", a ainsi interpellé Georges Naturel.
Gelé depuis 2007 par une loi organique, l’ouverture partielle du corps électoral avait fait l’objet en 2024 d’une réforme constitutionnelle, contre la volonté des groupes indépendantistes, adoptée au Parlement en mai dernier. Une adoption qui avait alors embrasé la Nouvelle-Calédonie, la plongeant dans une crise politique, économique et sociale sans précédent.
J’ai interpellé Manuel Valls sur la #Nouvelle-Calédonie :
La suite des négociations
Les prochaines élections provinciales
Le corps électoralLe ministre des Outre-mer a choisi de ne pas s’avancer, réaffirmant la nécessité de parvenir d’abord à un accord politique@lesRep_Senat pic.twitter.com/kjK0UTWFc6
— Georges NATUREL (@georgesNaturel) May 14, 2025
Malgré l’échec des négociations à l’issue du "conclave" de Deva, "les points de convergence entre les partenaires politiques pour l’avenir méritent d’être étudiés et peuvent tracer un chemin commun", estime Manuel Valls. Toutefois, un "nouveau report" des provinciales – scrutin qui renouvelle les assemblées des trois provinces, le Congrès et le gouvernement calédonien – est "difficile politiquement et juridiquement" concède le ministre. Ces élections doivent ainsi avoir lieu au plus tard le 30 novembre prochain.
"J’ai bon espoir que les discussions se poursuivent"
"Mais j’ai bon espoir que les discussions se poursuivent. […] Il faut un accord, l’accord est indispensable, incontournable si l’on veut la stabilité et la paix […]. Ainsi, je ne veux pas m’avancer tout de suite, ni sur une date d’organisation des élections, ni sur la question du corps électoral. Je considère que nous avons encore un peu de temps pour permettre le rapprochement des points de vue", a-t-il déclaré.
Une recommandation tout de même aux partis politiques calédoniens susceptibles de présenter ou défendre une proposition de loi organique visant à dégeler le corps électoral : "Comme on ne peut pas faire un référendum sans les Kanak, on ne peut pas faire une réforme du corps électoral contre les Kanak".
Un peu plus tôt, le ministre des Outre-mer avait été invité par le sénateur socialiste Rachid Temmal à s’expliquer sur le projet institutionnel qu’il a présenté aux partenaires politiques calédoniens. Projet que l’intergroupe Les Loyalistes-Le Rassemblement qualifie "d’indépendance-association" en contradiction avec les résultats des trois référendums d’autodétermination.
"J’ai proposé une voie, sans prononcer de formule particulière, qui concilie l’aspiration d’un maintien d’un lien fort avec la France et l’achèvement du processus de décolonisation", a expliqué Manuel Valls, qui répète que "ce dialogue va se poursuivre". "La rupture de confiance" en Nouvelle-Calédonie "trouve son origine dans une histoire ancienne qu’il nous faut regarder en face", a ajouté le ministre. "Tant que nous n’aurons pas réglé la fin du processus de décolonisation et l’exercice du droit à l’autodétermination, nous n’aurons pas les conditions du dialogue et de la paix civile".
"Largage de la Nouvelle-Calédonie"
Plus tôt encore, à l’Assemblée nationale, et dans un registre plus véhément, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot) a dénoncé un "largage" du Caillou. "Les Calédoniens ont exprimé clairement, par trois référendums successifs, leur attachement indéfectible à la République", a-t-elle rappelé.
En mettant #Indépendance sur la table en #NouvelleCalédonie malgré le refus exprimé 3 fois dans les urnes, Manuel Valls choit de céder aux violences, de vider les votes de toute substance. Gravissime ! La #Souveraineté nationale est non-négociable en Hexagone, NC ou #Mayotte pic.twitter.com/QmFkW7rJNq
— Estelle Youssouffa Députée (@DeputeeEstelle) May 14, 2025
Mais pour Manuel Valls, si "les trois référendums ont refusé l’indépendance", "cela ne signifie pas la fin du processus de décolonisation et d’autodétermination, incontournable si on veut la stabilité et la paix". "Les accords de Matignon et de Nouméa cherchent à concilier la recherche d’un lien fort avec la France et l’aspiration à la souveraineté. C’est mon choix, c’est notre choix : un partenariat solide et durable avec la France" a assumé le ministre.
"N’instrumentalisons pas la Nouvelle-Calédonie ici à des fins de politique intérieure", répond Manuel Valls, qui défend la voie du "dialogue". "La priorité, c’est la reconstruction de la Nouvelle-Calédonie."#DirectAN #QAG pic.twitter.com/alc3XCDB8L
— LCP (@LCP) May 14, 2025
"Le dossier calédonien est traité avec un amateurisme mettant en danger l’unité de la Nation", a renchéri le député UDR Olivier Fayssat quelques minutes après Estelle Youssouffa. "N’instrumentalisons pas la Nouvelle-Calédonie à des fins de politique intérieure", a rétorqué Manuel Valls, dénonçant les "bruits politiques et médiatiques" qu’a suscité le dossier calédonien à l’échelle nationale.
MERCI DE VOUS IDENTIFIER
Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.X
J'AI DÉJA UN COMPTEJE N'AI PAS DE COMPTE- Vous n'avez pas encore de compte ?
- Créer un nouveau compte
Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement. -
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS
- Les transports aériensà consulter ici